Quoi que nous fassions, que nous le voulions ou non, que nous participions au vote ou non, que nous estimions l’issue de ce scrutin légitime ou non, une personne sera élue à la Présidence de la République le 24 avril. Et cette personne aura entre les mains tous les pouvoirs que lui donne la cinquième république et agira sans tenir compte de l’illégitimité apportée par un taux de participation bas. Parce que nous croyons en la pertinence de la reconnaissance du vote blanc et que nous trouvons que le système électoral actuel ne permet pas une juste représentation de l’ensemble des citoyens et citoyennes françaises, nous sommes tenté·es de participer à un vote blanc massif qui enlèverait de la légitimité à ce système.
D’un point de vue strictement individuel, nous pouvons nous permettre de voir Macron réélu ou de voir arriver l’extrême-droite au pouvoir : en tant que cadres, nous avons des emplois stables suffisamment bien rémunérés. Valides, nous sommes en bonne santé et nous avons un mode de vie qui nous permet d’espérer le rester. Blanc·hes, nous ne sommes pas menacé·es par les forces de l’ordre au quotidien. Athé·es et chrétien, nous ne sommes pas stigmatisé·es pour nos croyances. Hétéro, nos couples ne sont pas remis en question. Sans enfant, nous pourrions même nous permettre de ne pas nous soucier de la crise écologique en cours. Bref, notre confort et notre quotidien peuvent être peu impactés par la personne qui sera au pouvoir durant ces cinq prochaines années. Tout le monde n’a pas ce privilège.
Ce n’est pas le cas par exemple des mères célibataires au RSA qui vont devoir travailler pour obtenir des aides déjà insuffisantes ; des travailleuses et travailleurs uberisés de plus en plus nombreux et privés de protection sociale ; des femmes musulmanes auxquelles on limite l’accès à l’espace public au nom d’une laïcité dévoyée ; des étudiant·es qui, après avoir subi le stress de ParcourSup, devront faire face à l’augmentation des frais de scolarité, travailler à côté de leurs études et faire la queue à l’aide alimentaire tout en se voyant reprocher des résultats insuffisants ; des personnes transgenres dont la simple expression de l’identité entraîne menaces et violence ; des personnes racisées vivant dans un système qui refuse de reconnaître qu’il les discrimine ; des personnes vivant dans des campagnes qui sont vidées de leurs services publics ; des fonctionnaires auxquel·les on demande toujours plus sans donner plus de moyens et qui assistent, impuissant·es, au détricotage de la fonction publique ; de façon générale, de toutes les personnes à l’égard desquel·les les discours de haine et d’encensement du sacro-saint « mérite » justifient des violences.
En outre, le dernier rapport du GIEC pointe le fait qu’un changement drastique doit être opéré dans les politiques écologiques et qu’il reste 3 ans à l’humanité pour opérer ce virage, après quoi il sera trop tard pour éviter des conséquences catastrophiques qui nous toucheront tou·tes, sans discrimination de couleur de peau ou de classe sociale. Les analyses faites par diverses structures (Greenpeace, Shifters, Réseau Action Climat, France Nature Environnement) sont concordantes : seuls deux candidats ont un programme potentiellement à la hauteur des enjeux : Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot. De ces deux-là, un seul a un programme qui soit également radical quant aux enjeux sociaux actuels et un seul a une chance d’accéder au second tour.
Le 24 avril une personne sera élue à la Présidence de la République. Nous sommes trop cyniques pour croire qu’un vote blanc massif délégitimisera l’élection aux yeux de celles et ceux qui seront au pouvoir. Il y a urgence à changer ce système hyper présidentiel, et une seule candidature propose d’avoir une réflexion collective sur ce que nous souhaitons ensuite, via une constituante. Oui, cette candidature est imparfaite, des éléments du programme et l’attitude de celui qui la porte sont questionnables. Mais la seule candidature qui permet de changer de système de vote, c’est celle de l’Union Populaire et de Jean-Luc Mélenchon.
Texte co-écrit par Livia, Thibaut et Simon